Soudain le silence

Je suis en panne d'idées, ou devrais-je dire d'inspiration, de motivations pour écrire. Je regarde mon parcours : 48 messages en 2010, 106 en 2011 et puis 39 messages en 2012. Pourquoi je n'arrive plus à écrire ? Je me rappellerai toujours de cette fin 2011 quand j'ai commencé à écouter un certain D. Adnan Ibrahim, un imam encyclopédique, un libre penseur comme je n'en connais pas deux, de cet homme j'ai appris que je n'ai plus le droit de parler, je n'ai droit qu'au silence tel un accusé, j'ai besoin de lire beaucoup de livres, me cultiver, aussi j'ai bien aimé ma retraite loin de facebook, mon compte je l'ai désactivé, je passais des heures par jour à écouter cet homme et m'émerveiller, je me rappelle bien de ces journées passées cloitrée dans ma chambre telle l'ermite, avide de savoir. Puis l'actualité de mon pays m'a arraché à mon silence, on ne cessait de maltraiter les chouyoukhs qui venaient chez nous, Wajdi Ghnim ? C'était la fois de trop, j'ai écrit article sur article, certains ont apprécié, d'autres m'on insulté, moi j'étais fatiguée, je retourne dans ma coquille. J'ai besoin qu'on m'oublie, j'ai envie de m'effacer de ce monde virtuel, de me plonger dans des réflexions spirituelles, il y a eu des soirs où j'avais vraiment peur de la visite de l'ange de la mort, je me disais que ça pouvait arriver à n'importe quel moment et je me rappelais de ce verset incessamment :

لَقَدْ كُنتَ فِي غَفْلَةٍ مِّنْ هَذَا فَكَشَفْنَا عَنكَ غِطَاءَكَ فَبَصَرُكَ الْيَوْمَ حَدِيدٌ

Mais ce n'était pas que des peurs, c'était aussi et surtout de l'optimisme, je voulais quitter le monde pour mieux retrouver son Créateur, je voulais m'éloigner de la foule pour mieux sentir et vivre mes prières, je voulais réparer mes torts, corriger mes erreurs, vider mon coeur pour mieux me recueillir, pour accueillir comme il se doit ce que me réservait Allah, c'était le printemps, je respirais à plein poumons, et quand le bonheur a sonné, je lui ai répondu sans tarder, je savais qu'il se trouvait là, juste à deux doigts, je devais me préparer, me parer pour en être digne, pour le mériter, le soleil d'Allah brille sur le coeur de Primavera ...

Dès lors je me faisais de plus en plus discrète, de plus en plus "muette", j'étais déjà assez dégoutée de la politique, de l'actualité, de ce qui se passait ça et là dans notre omma meurtrie, dans cette Tunisie post Ben Ali. Je ne pouvais donc plus écrire dans ce chréno là. Il restait quoi ? Parler de ma vie privée ? Non merci ! Et puis j'étais trop occupée à vivre ma vie, à faire la connaissance de celui qui allait devenir mon mari. J'essayais aussi d'avancer dans mes lectures, de varier les sujets, de lire surtout en arabe, d'écrire aussi ...

Mais aujourd'hui plus que jamais je me trouve en panne d'idées, ma langue n'est plus aiguisée, je ne ressens plus de ces grandes émotions, de ces grandes tristesses qui me poussent à sortir le meilleur de moi, faut-il se sentir seul, malheureux pour écrire un texte comme il se doit? Je ne sais pas ! Peut être qu'il se passe tant d'atrocités et d'injustices dans ce monde que les mots n'ont plus de place, que les larmes n'ont plus de sens, qu'il ne reste plus que le silence ...

Pourtant je m'accroche, j'adore écrire, je veux revenir, ce texte en est témoin !