10/21/2010

Il faut sauver le soldat Montassar !


D'habitude je n'aime pas parler ici de l'actualité tunisienne ou étrangère (à part la Palestine qui est pour moi  une affaire de cœur) de un parce que tout le monde en parle, ce n'est pas la peine d'en rajouter, de deux et surtout parce que ce n'est pas la vocation de mon blog, ni son objectif.  Mais l'incident qui s'est produit hier m'a affectée personnellement et directement, parce que ce n'est pas juste l'histoire d'un petit gamin mignon qu'on a kidnappé, pour moi c'est l'histoire d'un fils que j'aurais pu avoir, l'histoire d'une mère piquée au plus profond de son âme qui aurait pu être ma sœur, et si c'était à moi que cela est arrivé ? Et si ce garçon était mon neveu, mon cousin, mon fils, ma raison d'exister ?! Et aussi parce que ces derniers temps et de plus en plus je ne me sens plus en sécurité dans le pays de la "sécurité et de la ...sécurité" ! Tu parles! La majorité des filles que je connais ont été victimes d'un braquage, parfois à plusieurs reprises, et avec des violences physiques !

Non on n'est pas en sécurité en Tunisie, ce n'est plus un "acquis" et toutes ces violences dans la rue, dans les stades, aux lycées, partout où tu vas traduisent un mal être social, économique, ... très grave!  D'ailleurs l'incident du petit garçon ne fait que le confirmer ! On est à l'ère du crime organisé  s'il vous plait ! Tout est calculé, étudié, préparé et exécuté au millimètre près ! Pour ceux qui ont été sur la planète Mars dernièrement, sachez-le bien : hier au petit matin un enfant de cinq ans a été enlevé de la voiture avec sa mère juste à côté, une voiture s'est arrêtée et deux hommes portant des cagoules les ont attaqués, arraché le gamin, brutalisé la mère et se sont enfuis comme un éclair ! Alors pourquoi ? Ce n'est pas par simple curiosité, que je pose la question, c'est que sa réponse détermine le sort de cet enfant !

Cet enfant ! Regardez-le, admirez avec moi ce visage angélique, ces beaux yeux clairs, cette chevelure traversée de "lumière", ces traits harmonieux et symétriques, ce regard doux et ce sourire sympathique ! Cet enfant est très beau c'est un fait ! L'a-t-on choisi à cet effet ? Pourquoi l'a-t-on enlevé ? Que lui est-il arrivé depuis hier ? A-t-il crié, a-t-il pleuré, a-t-il appelé sa mère ? Ou était-il trop choqué pour le faire ? Pourquoi gâcher la vie de toute une famille ? Pourquoi changer à jamais l'identité de ce petit ? car quelque soit l'issue de cette horrible mésaventure, cet enfant ne sera plus le même, on le sait tous : la personnalité d'un individu se dessine vers l'âge de cinq à sept ans ! Il y a même des psychologues qui disent que cela commence dès l'âge de trois ans ! Montassar j'ai peur pour toi ! Hier quand j'ai retrouvé joyeusement mon lit confortable et douillet après une longue et interminable journée j'ai pensé à toi mon enfant ! Oui tu aurais pu être mon fils à moi ! Je me dis qu'est-ce qu'il fait maintenant ? L'a-t-on nourrit l'a-t-on maltraité ou même pis ?! Oh j'ai peur pour toi oui ! La société recèle de psychopathes et de malades ! Et si tes ravisseurs étaient.. je n'ose même pas y penser !


Ô petit j'ai pensé à toi même la nuit, dans mon sommeil ton histoire m'a tourmentée jusqu'au réveil, et là quand j'ai ouvert les yeux, tu étais déjà avec moi dans mes pensées qui sont allées aussi du côté de ta maman ! Cela doit être tellement horrible et inhumain pour elle de se réveiller sans te trouver ! De constater que c'est bel et bien la réalité, son fils a vraiment été enlevé, son ange de cinq ans a passé sa première nuit loin de son étreinte, loin de son lit ! Son petit bébé est livré à des inconnus sans cœur qui ne lui avaient peut être même pas donné de quoi manger ! Pauvre sœur, pauvre mère, quelle dure épreuve, quel malheur !  Mon Dieu le Tout-Puissant l'Omniprésent protège cet enfant rend-le à sa maman, pour qu'on puisse encore admirer son joli sourire... de cinq ans ! 




10/12/2010

Vivre le martyr et en mourir


Debout dans le bus fané usé démodé
Debout tout le long du trajet
Parce que j'ai refusé d'attendre celui qui vient une demi heure après
Je profite de la lumière
Pour écrire ces lignes, pour moi c'est une première
Écrire ainsi debout telle une misérable
Tenant d'une main le stylo, de l'autre mon carnet et le portable

Écoutant Mika qui me propose de me relaxer
Il le dit, le répète comme pour me consoler
T'inquiète chéri j'ai appris la leçon
"Mes excuses" "j'ai fait le con"... avant
Aujourd'hui j'ai passé une journée marathon
Mais je ne me plains pas pour autant
"Ce qui ne me tue pas me rend plus forte" comme dit le dicton
Tout va bien dans le meilleur des mondes pour la meilleure des générations
La génération désenchantée..

Debout dans le bus usé, déphasé
De Tunis à Bizerte sur tout le trajet
Regardant cette autoroute qu'on a décorée
Je la vois défiler sous mes yeux fatigués, relookée
Telle une mariée bien parée, préparée voire réparée
Tous les vingt mètres un joli spectacle de drapeaux flottant couleur de sang
Pour qui ? Pourquoi ?  
Pour Monsieur le Président !
Il vient nous voir le 15 octobre de tous les ans
Pour rendre hommage à nos héros bizertinaux !

( Je viens d'inventer un mot ! )

Mais se doute-t-il que maintenant à cet instant une jeune femme se tient debout avec d'autres martyrs ?
Pour un trajet d'une heure après une longue journée où elle n'a cessé de courir ?
Se doute-t-il que quelque part dans la SRTB quelqu'un n'a pas fait son travail ?
Car les gens aux portes des bus tous les jours se chamaillent
Se bousculent, se froissent, se détestent
Ce sont ces petits détails de la vie quotidienne, ces petits gestes
Qui se propagent entre nous telle la peste
Qui nous empoisonnent la vie, qui ont des conséquences funestes

Oh j'aperçois les lumières, c'est le payage de Bizerte !

Dieu soit loué, mon exploit touche à sa fin, on est arrivés !
Ou presque oui je suis sauvée !
Je n'ai pas "vu" le temps passer et c'est grâce à vous qui me lisez
Car vous étiez avec moi dans ce bus vous savez ?
J'ai écrit ce poème en pensant à vous témoins de ma misère
De mes souffrances passagères

Enfin je ferme les yeux un instant et j'adresse une prière
A l'intention de tous les martyrs qu'ici bas n'ont pas fini de mourir
Chaque jour un peu plus lentement et de maudire
Ce pays ingrat qui n'a cessé de les trahir !
Ces martyrs que personne ne connait 
Qui passent leur vie à déambuler dans les rues puantes et crasseuses de la Tunisie
Où ça sent bon l'odeur de l'urine, de l'indifférence et de l'oubli
En maudissant le sort, le père, la mère et la patrie
Le jour où ils sont venus à la vie pour souffrir le martyr 
Pour mourir de soif, de faim, de chagrin et de désir
Pour voir tous les plaisirs de la vie, ne pouvoir jamais y goutter et en mourir
Un soir d'hiver dans le froid d'une station de métro à ciel découvert
Sans faire de bruit, sans une larme ou un soupir
Sans même une âme charitable qui viendrait sur leur tombe pleurer un coup, se recueillir...


Cher journal

Cher journal En ce temps de sécheresse artistique et d'absence de vrais tourments et de réels "problématiques" dans ...