Fatma était en train de faire la prière à la maison, quand des pensées nouvelles lui ont surgi à la tête :
Pourquoi quand je fais la prière je porte cet habit large et je me couvre de la tête aux pieds ?
Et pourquoi les femmes au pèlerinage portent-elles cette même tenue ?
Si l'on s'habille de la sorte quand on s'approche de Dieu, et qu'on entre en contact avec Lui via la prière et dans les lieux de culte sacrés, pourquoi donc enlever cet habit ailleurs ? Dieu n'est-Il pas Omniprésent ?
Pourquoi devrais-je me défaire de cette tenue quand je sors dans la rue ? Dieu est là, n'est-ce pas, Qui me voit !
Je porterai le voile, c'est décidé cette fois !
Et Fatma heureuse et tremblante comme un enfant à la veille d'un aid, est sortie d'un pas léger pour acheter un foulard, son premier ! C'était un foulard bleu avec des motifs blanc, un peu comme un ciel bleu parsemé de nuages cotonneux, c'était son nouvel horizon.
De retour à la maison, Fatma se tient devant le miroir, un large sourire aux lèvres, elle entame son premier essai, elle va essayer de fixer le foulard comme ces voilées qu'elle voit dans la rue, partout, à la télé. Une fois que c'est fait, elle soupire en s'enveloppant d'un regard presque maternel, c'est ça ma grande, tu l'as fait, tu n'as que trop longtemps hésité, et soudain Fatma a senti le regret la foudroyer ..
Fatma pensait à toutes ces années qu'elle a perdues à désobéir, à se laisser aller. Elle pensait qu'elle avait raté la moitié de sa vie, la trentenaire qu'elle était pleurait sans bruit. Heureusement qu'il y avait son mari ! Il était fou de joie à sa vue, il n'en revenait pas de sa décision si longtemps attendue. Que de fois l'a-t-il incitée à s'engager, maintenant surtout qu'on a chassé la peur, que c'est devenu libre à tout le monde de porter "l'habit sectaire", elle ne l'a pas écouté Fatma, elle a écouté son coeur. Elle a enlevé le voile de ses yeux pour le mettre ailleurs, sur sa tête, comme ça la vue est parfaite. Comme elle voit bien désormais, mais la vérité lui fait mal, sa lumière est éblouissante et c'est normal.
Le mari de Fatma qui devait sortir avant elle au boulot, n'a pas pu quitter la maison, en ce lundi matin. Non il voulait assister à cette scène tant attendue, à cet espoir longtemps dorloté et nourri de voir sa bien aimée sortir en tenue de voilée. Il la regardait pantois se préparer, il l'aida même à poser le foulard, ah c'est compliqué pour la débutante qu'elle était, mais ils se marraient de leur maladresse, ils sirotaient ce moment magique de complicité, qu'y a-t-il de plus mignon, de plus beau, qu'un mari aidant sa femme à fixer son voile, à se parer pour plaire uniquement à Celui qui l'a créée en se conformant à Sa parole inébranlable !
- Voilà qui est fait, à bientôt chéri et bonne journée !
- Ah la journée est excellente ! Je suis fier de toi ma grande !
Fatma sourit, ouvre la porte et fait son premier pas hors de la prison, aujourd'hui elle est libre, et tout le monde sera au courant !
Spéciale dédicace à ma collègue et amie : Fatma qui a sauté le pas :)