Cher journal
En ce temps de sécheresse artistique
et d'absence de vrais tourments et de réels "problématiques" dans ma
"nouvelle" vie de jeune épouse et maman, et dans ce bureau de ma
ville natale, j'ai parfois le loisir et le temps de revenir à mon refuge
d'antan et faute d'écrire, je relis ce que j'ai écrit il y a trois ou neuf ans,
(car mon blog a fait ses neufs ans en décembre dernier). Je lui ai fêté son
premier et deuxième anniversaires, puis la vie m'a pris, je n'ai plus envie de
gâteaux, de photos ni de cérémonies.
Je reviens donc ici et je suis
parfois contente, parfois émue de découvrir ce que j'étais, ce que je faisais,
ce qui pouvait m'attrister ou me réjouir il y a quelques années. Je me rappelle
de plein de choses, et j'en oublis d'autres. Je suis reconnaissante de ce
cadeau qu'est l'écriture. Je suis heureuse d'avoir pris la décision un jour
d'ouvrir ce blog, cet espace personnel, ce jardin secret qui ne l'est plus, qui
aujourd'hui me semble déserté. Déserté notamment par les lecteurs francophones,
car j'ai changé de cap, j'ai dirigé ma barque vers d'autres horizons, à l'Est
pour un retour à mes origines, et toute fière, avec des pas hésitants au début
puis fermes, j'ai décidé de renouer avec ma langue maternelle, la vraie, car ma
mère a beau être prof de français et ancienne combattante pour trente six
longues années au lycée, elle est surtout et avant tout arabe, fille d'un père
et d'une mère arabes.
J'ai donc tourné le dos au français,
pour céder la place à ma langue délaissée, une langue dans laquelle j'ai appris
à réécrire, et d'année en année, de lectures en lectures, j'ai tissé avec elle
des liens forts, et elle m'a donné un peu de ses secrets comme je lui ai donné
beaucoup de mon temps, et aujourd'hui encore, je continue et j'apprends.
Le vent de liberté qui a soufflé sur
mon pays a largement contribué à cet épanouissement. Les portes des grandes
pointures de la pensée arabo musulmane se sont ouvertes devant moi, que
d'heures enrichissantes valant de l'or n'ai-je pas passées avec mon auteur préféré
Mohamed el Ghazeli? que de soirées aujourd'hui passées avec Al Tantawi et ses
"Souvenirs", et j'en passe et des meilleurs: Al Rafii, Mahmoud
Chaker, ...
Aujourd'hui cela peut m'arriver de
lire en français, mais la règle générale c'est l'arabe. Question d’intérêts.
Comme à mon habitude je me suis égarée, éloignée du sujet. Je disais donc que
je viens ici pour me relire, je me trouve parfois trop bavarde, trop
violente ou superficielle, mais je n'aurais rien changé à ce que j'ai fait, à
ce que j'étais. Aujourd'hui je suis une autre "moi", pas complètement
différente, mais plus sage ? (hélas non), plus raisonnable ? non, je suis
toujours aussi rebelle, mécontente, fatiguée, drama queen, désenchantée, mais
en plus et surtout : responsable, plus responsable que jamais! Enfin sauf si je
ne hasarderais pas un deuxième enfant !
Alors pour conclure, car je vous ai
assez ennuyés, je viens ici pour signer une lettre de nostalgie, de
reconnaissance et d'amitié envers tous ceux qui m'ont accompagnée sur ce bout
de chemin, des amis, des inconnus, des passagers d'une fois. Merci
d'être/d'avoir été là.
Je me désole parfois du manque de
"production" mais l'écriture est un acte sincère qui vient du cœur,
j'ai écrit mes plus beaux textes quand j'avais un poids sur la conscience, ou
un chagrin dans l'âme, l'art est une fleur qui s'épanouit sous les rayons
brûlants de la souffrance. Alors je ne peux pas écrire juste pour écrire, sauf
dans mon journal intime que j'ai pris l'habitude d'entretenir assez
régulièrement, ce sera un trésor d'ici cinq, dix ou vingt ans.
Et puis mon blog a tenu le coup
comparé à d'autres blogs que j'adore et que la vie a pris dans son tourbillon
de folie, je pense ici à ma petite lili.
J'ai vu d'autres qui non contents de
la froideur du virtuel, ont réussi à écrire et sortir leurs livres au soleil,
tous mes respects pour toi ma chère Khaoula.
Et toi ma Prima, de grâce, sois plus
forte, et plus entreprenante. Cherche la paix, accepte la vie comme elle est,
fais de tant mieux et que ta parole soit impeccable. Tu m'entends Prima ? Que
ta parole soit impeccable !