12/31/2011

Mon réveil ON avec les morts





La première fois que je me suis trouvée dans un cimetière, devant les tombes de gens que je n'ai jamais connus si ce n'est à travers des photos, je n'étais pas spécialement émue. Mon père nous disait : ici dort votre oncle, là bas votre grand-père, juste à coté sa sœur. Et je me souviens de mes cousin et cousines, de cette photo où mon oncle et sa femme étaient jeunes et beaux, où ils arboraient un sourire radieux.. Mon oncle disparu à 37 ans, il voulait fêter le mariage de son cadet, il n'en a pas eu le temps .. le dernier de onze enfants, ma grand-mère a failli en perdre la raison ! C'est alors que je n'ai jamais eu d'oncle ou de tante paternelle, ils sont tous morts très jeunes, mon grand-père aussi, je ne l'ai jamais connu, il s'est éteint quand mon père  n'avait que dix-huit ans, devenu orphelin soudainement. Je regardais alors ces tombes avec une appréhension du fait de se trouver sous terre, mais sans plus d'émotion.

Passent les années, j'ai dix-sept ans quand mon grand-père maternel meurt soudainement, c'était la première fois de ma vie que je goutte à la mort, à la perte d'un être cher. Résultat : un total refus, j'ai passé des mois à nier les faits, je n'arrivais pas à réaliser que papy est décédé, parti à jamais, je refusais de croire que lors de ces horribles nuits d'hiver, quand la pluie battait fort sur ma fenêtre, et que le vent soufflait jusque dans mes os, mon grand-père était dehors, dans un cimetière, enseveli sous la terre et tant de poussières, j'étais tout simplement incapable d'imaginer la scène. Si bien que dès que je me suis trouvée devant sa tombe, le lendemain de son enterrement, j'ai regardé la terre, mes pieds bêtement, sans vouloir, ni pouvoir y croire ! Je pensais que je serais émue, que j'en pleurerais, mais comment pleurer une chose qu'on refusait ! Dans ma tête : je ne sais pas où est passé papy mais il n'est certainement pas là sous cette terre fraichement remuée ! Le contact avec le cimetière était difficile désormais, pour la petite ado que j'étais ...

Cela a légèrement changé avec la disparition de ma grand-mère paternelle, elle était déjà partie depuis des mois, depuis le jour où elle a commencé à parler à des gens qu'on ne voyait pas, depuis le jour où elle a appelé son oreiller Fatma, le prenant pour sa fille qui n'était jamais là .. On attendait sa mort à Ommi Douja, sa délivrance, de tant de souffrances. Alors cette fois, quand elle était partie, j'ai accepté la chose, j'ai compris ... J'ai pleuré un peu et je me suis tue, ça fait longtemps que je l'ai perdue .. 

Enfin c'était au tour de la dernière rescapée du bon vieux temps, la mère à maman ! J'ai grandi depuis je n'ai plus dix-sept ans .. dix ans plus tard ont fait que désormais quand je vois la tombe d'un être cher, d'un bien aimé, je le sens si loin, je m'inquiète pour son sort, c'est certain, je .. pleure son absence, et puis Dieu me donne de la patience, alors je me rends à l'évidence ..  Quand Aicha est partie (ma grand-mère je l'appelais ainsi, c'était Aicha tout court, une amie) j'ai appris que les gens ne pleurent pas vraiment leurs morts dans les enterrements, ils pleurent leur solitude, et surtout leur propre mort ! Ils savent qu'un jour ou l'autre ce sera leur tour, alors ils pleurent cette inévitable disparition, c'est comme s'ils assistaient à leur enterrement ! Moi aussi, je ne fais pas l'exception, je pleure ma grand-mère oui, mais aussi, ma grande misère, ma pauvreté, mon insignifiance, si je meurs, en moi je n'ai pas confiance ..

Cela fait longtemps que je n'ai pas remis les pieds dans un cimetière, mais c'est pas pour autant que j'en oublie la mort. La mort, ce sujet tabou par excellence, car personne ne veut en parler, aujourd'hui je n'ai pas besoin de perdre un être cher pour m'en rappeler. La mort est souvent dans ma pensée, parfois il me suffit  de me recroqueviller la nuit sous la couette,  fermer les yeux, puis les ouvrir et  contempler cette enveloppe qui me couvre de la tête aux pieds et me dire, c'est ça être mort, non ? C'est comme si j'étais déjà dans ma tombe, quelle différence ? La différence est que je suis encore en vie, et que je détiens cette chance inouïe de décider de ma vie la vraie, celle d'après. On dirait que je suis en période de révision pour passer un examen dont j'ignore la date, mais en connais toutes les questions, les réponses, les pièges, les épreuves et les attributions. Alors vais-je me débarrasser de cette paresse chronique et agir tant que j'en ai encore le temps ?  Ils disent que ce soir c'est le réveillon, qu'est-ce que j'attends alors pour chasser à jamais mes démons, pour mettre mon Réveil ON, et entamer ma vraie, mon ultime RÉVOLUTION ?!




بسم الله الرحمن الرحيم

وَجَاءَتْ سَكْرَةُ الْمَوْتِ بِالْحَقِّ ذَلِكَ مَا كُنتَ مِنْهُ تَحِيد

وَنُفِخَ فِي الصُّورِ ذَلِكَ يَوْمُ الْوَعِيدِ

وَجَاءَتْ كُلُّ نَفْسٍ مَّعَهَا سَائِقٌ وَشَهِيدٌ

لَقَدْ كُنتَ فِي غَفْلَةٍ مِّنْ هَذَا فَكَشَفْنَا عَنكَ غِطَاءَكَ فَبَصَرُكَ الْيَوْمَ حَدِيدٌ

سورة ق  22-19

12/26/2011

Deux-ans-chantée



L'année dernière j'ai écrit  : "Je n'aime pas tout ce qui est conventionnel .. mais le premier anniversaire ça se fête, ( la prochaine année je trouverai bien un autre prétexte inchAllah hahaha)", alors maintenant, à la lecture de ces lignes, j'ai les yeux humides et je remercie Dieu de m'avoir gardée en vie pour un an supplémentaire, mais en même temps je frissonne à l'idée de : qu'en ai-je fait ?! A méditer .. Et puis, toujours en lisant ces lignes, je me dis que ce n'est pas difficile non plus cette année de trouver un prétexte pour célébrer deux ans de Désenchantée, car il se trouve que j'ai créé mon blog à la fin de l'année 2009, et donc son anniversaire coïncidera toujours avec cette période de l'année où l'on a tendance à faire le point sur les 365 jours écoulés. J'annonce la couleur dès à présent, je suis triste, je me sens seule et abandonnée. Dans ma tête c'est pas la joie, et pour cause .. c'est long à expliquer (et ça ne regarde que moi :p). Le fait est que j'ai tout dit l'année passée, j'ai expliqué pourquoi j'ai commencé à écrire pour ne plus m'arrêter, et puis je ne sais pas trop si je dois faire le bilan d'une année de blogging, ou d'une année 2011 tout simplement ! 


Ah j'ai toujours détesté les anniversaires, surtout les miens (miens à la fin s, j'ai une soeur jumelle, remember ?), pourquoi donc me mettre volontairement dans ce pétrin? En plus ça fait un "bail" que je n'ai pas écrit, vous l'avez remarqué ? Je vous ai quand même un peu manqué, marqués ? Non ? Ok merci, je préfère être une avertie malheureuse qu'une imbécile heureuse. Et oui, malgré les horreurs que j'ai vues dans ma vie, je n'ai jamais réussi à souhaiter  de renoncer à la faculté de comprendre et de penser, tant pis ! Je me fâcherais, je pleurerais, je bouderais, mais je comprendrais au moins. L'ignorance étant mon ennemi juré au même titre que l'injustice, ou peut être plus. Et c'est cette qualité péjorative que j'ai, de détester l'injustice surtout quand elle est couplée d'ignorance, qui a fait que j'ai écrit autant en 2011, le fait est que j'ai été deux fois plus bavarde qu'en 2010, le seul contraste étant ce mois même de décembre, qui sait ? j'étais peut être trop excitée de la chaleur qui se dégageait l'année passée, je m'en souviens très bien, j'arrêtais pas de dire : c'est le mois de décembre le plus chaud de ma vie, pas au sens figuré, il faisait littéralement chaud, et dans ma tête et dans mon corps.. et dans ma Tunisie.. 

En 2011, j'ai voulu renouer avec l'arabe, je me suis mise à lire et à écrire en arabe, et je crois que mon meilleur article de l'année est en arabe oui c'est sur ... Puis, j'ai eu tout le loisir de trainer certaines figures médiatiques et politiques dans la boue, (c'était bien mérité, n'ayez crainte), j'ai publié pas mal d'articles sur Nawaat, enfin ceux qu'ils ont bien voulu publier, histoire de passer le message à un max de gens, et puis peut être grâce à ça, j'ai eu droit à mes toutes premières insultes, à mes tous premiers "f**k you" faussement épelés en plus(et sans "*" vous l'aurez compris), des f*** islam, f*** camels, et tout le champ lexical de l'ineptie verbale trahissant la vacuité intellectuelle et morale présente chez certains mâles.. du genre humain, faut de tout pour faire un monde, c'est bon, j'en conviens :) 

Bien entendu, l'année dernière, j'étais fière de dire "j'ai oublié dans la foulée de vous remercier pour votre fidélité, ... je n'ai jamais eu à supprimer un commentaire" j'en souris ah quelle crétine, ça n'a pas tardé, j'ai été servie vite fait, mais bon passons, ce qui compte pour moi c'est les amitiés que j'ai pu nouer, les nouvelles connaissances que j'ai plus ou moins faites à travers la Désenchantée. C'est ainsi que je me souviens avec nostalgie d'une certaine Agenda qui a malheureusement disparu de la scène et a emporté son blog avec elle, je me souviens d'un nouvel asile émergeant du néant, où il fait bon de s'attarder par moments, je me rappelle aussi de cet oiseau élégant qui a fait une entrée fracassante dans la scène il y a tout juste quelques mois, et puis ma Lili qui a enfin sauté le pas, (je le lui ai demandé maintes fois), pour nous offrir le plaisir de déguster, le fruit de ses talents cachés. Ah parlant de talent, puis-je oublier l'incroyable, l'irréprochable, l'inimitable Morjéna, sahebti w sahbet kol fannéna, à chaque fois que je lis un de ses poèmes, je me dis mais où se cachait ce talent durant tout ce temps? Car cette fille je l'ai connue avant ! Artiste dans le sang ! Eh oui c'était une année très riche, j'ai découvert ou redécouvert des talents, des amis qui pour la bonne cause œuvrant, la cause s'appelle justice, tout simplement.  

En ce moment je me sens seule, car coupée un peu du monde, j'ai mis Fakebook en veilleuse, j'ai d'autres chats à fouetter, de livres à lire, de Dr Ibrahim à écouter, un homme excellent, merci Wael pour cette révélation-révolution. Je suis arrivée à terme de mes "réflexions" (ah j'ai oublié de mentionner le deuxième blog que j'ai créé avec deux de mes amies), comme d'hab j'ai fait un peu trop long, excusez moi, comme toute vieille qui se respecte je deviens encore plus bavarde avec le temps, je peux raconter des choses que vous connaissez déjà, commenter l'actualité d'un ton narquois, parler de la pluie et du beau temps qui ont fait les beaux et les mauvais jours de mes vingt-huivant, le fait est que j'ai honte, je veux que ceux qui me lisent en aient pour leur compte, je veux raconter des choses intéressantes ou me taire à jamais, je sais pas ce qui m'a pris en cette fin d'année, je me sens malgré tout rattrapée par les fantômes du passé, j'en ai vu un aujourd'hui, en chair et en os, c'était une femme à demi folle, avec son par dessus beige, et sa taille un peu haute, oui c'est elle sans doute, bon allez je vous ai assez inquiétés comme ça sur ma santé mentale. Bon anniversaire Désenchantée, je te visiterai chaque fois que je me sentirai trop seule, je viendrai ici faire mon intéressante, avec un peu de chance j'attirerai peut être quelques âmes charitables, qui sur mon mur (ah je déteste le mot ça sonne trop fb), sur ma porte voudront bien s'attarder, pour réchauffer un peu le coeur de cette mortelle, enfant et rebelle, merci à tous les fidèles. 

Bonne année 2011, bah oui c'est pas encore fini .. 

PS. C'est sympa de lire l'année 2011 à travers les titres de mes articles, ça me rafraichit la mémoire !

PPS. Je sais que ça ne mérite pas un "PS", mais j'aurais au moins vidé mon sac ... et encore ! :D

12/16/2011

L'élégance du hérisson







Si ce n'était ma paresse chronique, j'aurais partagé avec vous mes  précédentes lectures, mais cette fois, ce roman me laissant sans voix, je ne peux pas m'empêcher d'en parler, de vous le suggérer. Voici l'histoire fort passionnante d'une femme de cinquante-quatre ans, travaillant comme concierge dans un immeuble de richards et bien que très douée et intelligente, elle se cache sous des airs niais et joue à l'inculte pour se protéger, parce que c'est ce que veut d'elle la société... D'un autre coté, il y a une fille de  riches, douze ans, surdouée, exceptionnellement intelligente et bien décidée à se suicider le jour de ses treize ans et à mettre le feu dans la maison parce qu'elle est dégoutée de son entourage et de "la vacuité et l'ineptie de l'existence des adultes." Tout au long de ce roman la parole est donnée tour à tour à Renée la concierge, et à Paloma la jeune  fille, habitant toutes les deux au 7, rue de Grenelle.

Alors, la beauté de ce roman réside dans le fait qu'il est plein d'idées intelligentes, intéressantes présentées  en plus, dans la bonne humeur, à notre plus grand bonheur ! Je ne cessais de sourire au fil des lignes,  c'était très amusant et agréable à lire, si bien qu'au  début, j'étais tiraillée, je ne savais pas qui des deux héroïnes était la plus sympa, mais après je n'ai pu m'empêcher d'adorer la petite surdouée de douze ans, chaque fois qu'elle prenait la parole c'était un grand moment ! Mais la concierge n'en est pas loin, elles sont toutes les deux formidables, adorables !  

Et puis ce qui a fini de m'enchanter c'est que Renée est une grande fan de Tolstoï et de son fameux Anna Karénine, elle en parle ouvertement dans cette oeuvre, or il se trouve que j'ai lu ce roman fleuve il y a  quelques mois, et j'ai pu très bien comprendre et partager ses sensations à elle, au point de les ressentir en moi, c'est comme si j'étais elle, et que ce monsieur japonais, riche, partageant ses mêmes gouts pour Tolstoï et l'art en général, cet homme au charme délicat qui a vu en elle ce que personne d'autre n'a pu voir,  qui a cherché à devenir son ami, défiant les préjugés sociaux, et bien tout ça, ce début d'amitié, d'échanges courtois et sympas, ça m'a rappelé la personne même qui m'a suggéré ce livre. Une personne douée de beaucoup d'intelligence et d'élégance justement, c'est un ami bloggeur, de cinq ans mon cadet et qui s'est immiscé il y a quelque temps dans la solitude de mon être. C'est mon M.Ozu à moi, moi qui me cache un peu, qui suis généralement distante malgré les fausses apparences facebookiennes, moi qui suis carrément asociale par moments, qui ne regarde pas la télévision, qui ne partage mes secrets qu'avec une seule et unique amie quasiment, ma Manuela à moi! 

Moi .. entourée de bouquins, je ne veux pas sortir ni qu'on me dérange quand .. je pense ! Tout comme la petite Paloma, maman me dit que je me cache, je suis la présente absente, et je déteste le bruit, je veux du calme pour mieux réfléchir, lire ou écrire .. C'est alors que je me suis retrouvée dans ce roman, à la fois adulte et enfant, et j'ai retrouvé la silhouette d'un ami, de M.Ozu aux traits vaguement japonais, qui a su me "bousculer" pour mieux pénétrer l'intimité de mes pensées,  on a tout de suite sympathisé, c'est alors que j'ai découvert: l'élégance du Karawen.

Aujourd'hui, vers la fin du roman, je me suis rappelée en le lisant, d'un film : American Beauty, quand vers la fin le héros commente sa propre mort, et spécialement quand il dit : "on dit qu'au moment de mourir, on revoit toute sa vie", et bien la phrase était là, j'en ai eu la chair de poule ! Quelqu'un est mort à la fin, et comme d'habitude je suis très sensible à la mort et je pleure doucement, .. entre autres le dénouement de l'histoire, la fin du roman. J'étais obligée de me séparer à jamais de mes amies Paloma et Renée, et quand j'ai  fini la lecture, retrouvant encore cette notion de beauté comme dans le film cité, eh bien j'ai pleuré à chaudes larmes, cette .. âme, cette oeuvre fascinante et bouleversante de charme !

L'élégance du hérisson à ne pas manquer: intelligence, humour, amour, amitié, art et beauté .. je me demande combien de hérissons y-a-t-il  dans la société ?!

PS. En faisant une petite recherche j'ai su que le livre a été adapté au cinéma, eh bien on me payerait que je ne le regarderai pas ! Enfin sur wikipédia, on parle du succès de librairie du livre, et  on dit que " L'ouvrage en question n'a fait l'objet d'aucun lancement, le bouche à oreille a été le seul moyen de communication pour assurer à ce roman ce succès spectaculaire" ! Eh bien justement, pour moi c'est pareil, c'était le bouche à oreille, merci encore une fois à mon ami super sympa, mon petit frère Kara, sensible, intelligent et courtois :)

12/07/2011

Le grand zapping de mes coups de gueule




TV7

Hier 06 décembre, je me suis installée devant la télé après quelques minutes de l'appel à la prière du Maghreb, j'en ai profité pour suivre un peu les travaux de l'Assemblée Constituante. Et mon premier réflexe était : attend, ils font pas la prière ? Parce que dans ma religion la prière c'est primordial, ça  ne m'arrangerait pas de servir mon pays pour désobéir à Dieu, L'adorer étant la raison première de mon existence. Après grâce à Facebook, j'ai su que le président de l'AC monsieur le septuagénaire, Mustapha Ben Jaâfar a refusé la demande faite très poliment par certains élus de suspendre la séance pendant dix minutes pour faire la prière du Maghreb, en soulignant qu'ils respecteraient l'heure. Pis encore, M. Ben Jaafar n'a pas daigné répondre à M.Habib Khedher (membre élu du parti Ennahdha  et président de la commission de l'organisation temporaire des pouvoirs publics) qui s'est adressé à lui directement et formellement comme pour insister, rien n'y fait ! M. Ben Jaafar fait le sourd-muet, il est intransigeant ! 

C'est marrant pour une assemblée qui a la charge d'écrire la nouvelle constitution du pays, dont le premier amendement stipule que la Tunisie est un État  libre et indépendant, l'islam étant sa religion, et l'arabe sa langue,  que les musulmans pratiquants se voient refuser le droit à une pause pour prier. Résultat des courses, un grand chaos, puisque selon le président de l'AC tout le monde a le droit d'entrer et de sortir comme il le veut, eh bien, la quasi moitié de l'assemblée a quitté les lieux, désolée si le parti "islamiste" Ennahdha est majoritaire ! Bref j'ai trouvé le geste de M. Ben Jaafar politiquement maladroit, diplomatiquement nul, organisationnellement chaotique et religieusement foncièrement immature ! Et ce geste affligeant couplé de ce tweet de Nadia Chabaane élue du PDM "certains quittent plénière pr aller prier, un précédent grave et qui n'est pas sans conséquence", me rappellent l'arrogance maladroite de Sofien Ben Hmida quand il a critiqué les fonctionnaires qui font la prière sur les lieux de travail, me poussant à écrire deux articles, une vraie source d'inspiration !

Ils n'apprendront donc jamais la leçon ? Ils ne comprendront jamais que le peuple est musulman ? Que la prière est la base, et qu'il faut l'effectuer pile à l'heure ? Qu'un bon musulman pratiquant ne peut pas jouir de sa vie, ou se concentrer dans son travail tant qu'il n'a pas fait la prière alors qu'il en a la parfaite possibilité : c'est-à-dire être en vie, avec un bout de terre sous les pieds et un peu d'eau pour se laver ? A quand va-t-on souffrir des séquelles de plus de cinquante ans d'ignorance et de guerre plus ou moins affichée contre l'islam ? Vous voulez toujours montrer que les pratiques religieuses sont encombrantes, gênantes, hein ? Que ce soit la prière dans les lieux de travail, ou dans les lycées et les facultés ou le niqab, vous vous arrangez toujours avec les médias complices à deux balles pour créer cette image pesante de la religion ?!

Shems FM





Cette vidéo nous offre le spectacle désolant d'un musulman soi-disant défenseur des droits des autres, défenseur de l'islam mais le premier à lui faire du mal. A ce fou furieux je dis que l'islam est innocent de ces comportements capricieux, de ces enfantillages irresponsables. On se doit de respecter tout le monde, tu es face à un homme qui a l'age de ton père, tu le respectes, et tu choisis bien tes mots. Surtout que l'homme en question a été très patient, courtois et doux avec toi. Même si je suis loin d'être une fervente fan de M.Mourou, mais là il m'a plu parce qu'il a montré qu'il n'est pas complexé, et a continué le débat là où d'autres l'auraient arrêté ! Mais ce qui est le plus grave ici, est vers la fin de la vidéo quand le dénommé Wissem leader des sittineurs de la faculté de Manouba trouve le moyen de justifier le comportement irresponsable et anti-religieux de l'étudiant "salafiste" qui s'est donné la mort parce que son père ne l'a pas autorisé à participer à un sitting, ce Wissem en a fait même le Bouazizi de la Faculté de Mannouba, non mais j'en perds les mots ! Tellement d'ignorance et de paroles outrageuses à l'encontre de l'islam, et d'oser comparer la cause de l'étudiant à celle de Bouazizi, de justifier le suicide l'un des plus grands pêchés dans notre religion, non mais où va le monde ? 

La Presse Boudourou

Depuis que j'ai été nommée chef de service au sein du ministère de l'emploi, j'ai droit à un journal quotidien et un autre hebdomadaire. Moi qui ne lis pas les torchons dont l'unique fonction est de sécher les vitres de la voiture ou de protéger le fond de la poubelle, je me suis vue en train de lire les titres aujourd'hui, au bureau je mourrais d'ennui. Résultat : que de la malhonnêteté, le visage hypocrite de Olfa Youssef l'une des symboles de l'ancien régime, la femme à la fameuse citation Socrato-grotesque "la démocratie des incultes est la dictature de la populace" qu'elle a proféré juste après les résultats des élections insultant ainsi tout un peuple, des titres du genre "cinq étudiantes occupent l'attention de la Tunisie au lieu d'un million de chômeurs", remâchant les mêmes mensonges avec la même langue de bois puant la mauve-aise foi, du genre barbus, frapper le .. , BLA BLA BLA, alors que dans d'autres médias et surtout facebook tout le monde a vu ce qui s'est passé vraiment, j'en ai longuement parlé ici, ça me dégoûte d'y revenir !

Plus envie de zapper, un de ces quatre je la casserais cette télé, elle ne reflète pas la réalité, elle n'est que mensonges et coups montés, jusqu'à quand la malhonnêteté ? Dieu ce que j'ai besoin de liberté !


12/06/2011

Mon coeur est au pays des merveilles (ép13)




Makka Arabie saoudite, le 26 Mars 2010.

Trainant mes pieds, plus morte que vive, j'ai croisé deux hommes qui m'ont inspiré confiance et je me suis dit que je vais encore tenter ma chance. Ils ne connaissaient pas l'hôtel, mais ils m'ont dit que je pourrais me renseigner au ministère du Hajj, qui se trouve derrière le bâtiment imposant devant lequel j'ai laissé ma tante... Ma tante! J'étais extrêmement soulagée de la trouver là où je l'ai laissée, en plus elle était très calme, je n'en revenais pas qu'elle puisse garder autant son sang froid ! Je me suis exclamée : tu n'as pas eu peur que je ne revienne pas ? que je ne retrouve plus le chemin vers toi ? Je me suis trop absentée !

Non fit-elle, j'ai confiance en toi, puisque tu m'as promis que tu reviendrais, alors je te crois ! Touchée et confuse je lui ai annoncé la mauvaise nouvelle : que je cherchais encore mais que cette fois-ci j'y arriverai inchAllah. Reste à savoir où se trouve exactement le ministère. J'ai laissé encore une fois ma tante et je me suis dirigée en direction du grand bâtiment, et l'idée m'est venue de pénétrer à l'une des boutiques pour demander encore de l'aide. Je ne me rappelle plus si c'était à ce moment que j'ai fait irruption dans une boutique luxueuse de parfums et de senteurs, ou si c'était avant même de laisser ma tante la première fois. Une chose est sure, j'étais dans un piteux état, quand j'ai fait face à ce marchand, à la fois surpris et confus, de voir autant de souffrance dans le regard d'une jeune fille. Quand il a parlé, j'ai su qu'il est égyptien,  j'ai su aussi qu'il était désolé parce qu'il ne connaissait pas l'hôtel non plus. 

Je mesurais le contraste qui me séparait de lui : moi jeune fille perdue, essouflée, en sueur, le teint écarlate par des heures de marche sous un soleil sans merci, et lui vendeur dans un magasin luxueux, dans la fraicheur du climatiseur et surtout sans soucis! Il était touché, m'a demandé le numéro de l'hôtel, je ne le connaissais pas ! Alors il s'est chargé d'appeler les services adéquats, il a obtenu le numéro et a contacté l'hôtel, pendant que je regardais mon sauveur avec des yeux pleins de reconnaissance, le souffle coupé, et en transe, à l'hôtel personne n'a décroché ! Encore une fois il était désolé, il avait tout fait pour m'aider et je voyais dans son regard une pitié sincère ! Tombant de haut, ma faiblesse  a atteint son paroxysme, si bien que lorsque j'ai essayé de noter le numéro de l'hôtel dans mon carnet, je ne savais plus si je devais écrire le 7 à droite du 5 ou le contraire, je tremblais, et morte de honte j'ai demandé à l'homme généreux de noter le numéro pour moi, je l'ai remercié  des yeux plus que de la voix et me suis empressée de quitter les lieux en souhaitant qu'il oubliera mon visage aussitôt ! Je ne veux pas qu'on ait pitié de moi, je ne veux pas apparaitre dans ce piteux état, j'étais indignée voilà !

Déterminée à prendre mon destin en main, implorant l'aide de Dieu, je me suis dirigée au bout du bâtiment, j'ai pris un tournant et là bonjour le désenchantement ! On dirait deux mondes parallèles, le luxe et la somptuosité des lieux que je venais de quitter n'avaient d'égale que la désolation et la pauvreté du paysage qui m'accueillait ! Une série de restaurants bon marché où des centaines de gens plus ou moins misérables s'arrêtaient, s'entassaient, mangeaient debout, jetaient des déchets partout, des visages indiens, pakistanais, africains, unis par la pauvreté, des regards parfois durs, parfois désolés, je n'en revenais pas, de ce contraste là ! Il m'a suffi de s'aventurer de l'autre coté du bâtiment pour trouver un autre monde totalement différent, .. déprimant ! Et je me suis demandé c'est dans cette rue sale et débordée qu'ils ont choisi d'établir leur ministère du Hajj ? Je cherchais un bâtiment luxueux, imposant, mais je ne voyais que déchets et désolation, ça fourmillait autour de moi et je devais presser le pas ! Je me suis approchée de l'un des restos, honteuse de n'avoir pas de commande, de retenir l'attention du vendeur une ou deux secondes, qui lui coutent de l'argent, il a l'air si pris par ses clients, euh, s'il vous plait le ministère du Hajj c'est où ? C'est juste en face m'a-t-on répondu ! Je suis sortie je ne voyais qu'un gourbi, un taudis, un petit guichet lamentable à pleurer ! C'est ça que vous appelez MINISTERE du Hajj ? Je n'étais pas assez perdue comme ça, il fallait encore me donner du fil à retordre ! 

Soulagée malgré tout, le coeur battant, je me suis approchée, il y avait deux personnes devant moi. J'avais du mal à attendre mon tour, il y avait une femme qui avait perdu un proche, elle aussi, pauvre coeur .. mais je dois me concentrer sur mon malheur. Un jeune homme souriant m'accueille, il était calme, j'étais dans tous mes états, je ne cessais de lui répéter s'il connaissait l'hôtel Hawazen, s'il avait hésité une seconde je me serais effondrée, mais bien sur qu'il le connaissait, il riait de mon impatience, me faisant signe de me calmer, sortant un bout de papier, il m'a fait un dessin ! Eh oui un vrai dessin, il y avait une petite mosquée qu'on a  croisée, juste après les pigeons, maintenant je m'en souviens oui c'est ça, comment ai-je pu manquer l'endroit ! Ah j'y étais .. je me suis rappelée de l'homme qui m'a confirmé que j'étais sur la bonne voie, mais que j'ai pas voulu écouter, imbécile ! Allez c'est pas le temps des reproches, je vais courir vers ma tante. Cette fois j'ai la carte du trésor, c'est impossible que je me trompe !

Allez ma tante rentrons chez nous ! Mais elle était fatiguée, avec un pied blessé puisqu'elle était tombée aujourd'hui encore durant le pèlerinage. A son rythme il nous fallait près d'une heure pour arriver, et c'est là qu'elle a commencé à se plaindre, à me harceler ! Elle était carrément fâchée contre moi, elle tempêtait que je n'aurais jamais du me tromper de chemin, elle se demandait à quoi me sert d'avoir fait des études si j'étais incapable de la mener à l'hôtel saine et sauve ! Fatiguée de mon coté, outrée, à bout de nerfs, la chaleur aidant,  j'ai protesté que c'était pas de ma faute, mais celle de l'horrible organisation du voyage, on nous a lâchés dans la nature sans badge,  ni numéro de téléphone,  je criais que les études n'ont rien à voir avec ça, qu'on était arrivés la nuit tombante, c'est déjà bien que j'ai pris la peine de lever ma tête pour lire le nom de l'hôtel, que  dans cette ville j'étais comme elle tout à fait nouvelle, que j'étais fatiguée d'assumer cette responsabilité ...

Et puis ma tante m'a fait de la peine, elle a voulu se reposer, s'est allongée par terre, je lui ai apporté un verre d'eau, je retenais mes larmes, de la voir réduite à l'état d'une SDF j'avais dans le coeur comme une lame, me traversant l'âme, oui elle a raison, je n'aurais pas du la perdre de cette façon, je suis mademoiselle éducation, elle ne sait pas lire, c'est mon job de prendre soin d'elle, .. allez continuons le chemin, ma tante ne cessait de gémir, elle souffrait franchement du pied, je la distançais un peu pour m'assurer du chemin et puis je revenais vers elle, elle était encore en colère contre moi, ou contre la souffrance, la vieillesse, je ne sais pas ! 

Arrivées enfin à l'hôtel, j'avais presque envie de crier mon scandale, si seulement j'avais suivi mon chemin tout à l'heure, c'était ça et seulement là mon crime : de n'avoir pas continué jusqu'au bout ! Sorties de l'ascenseur, on a croisé mon père, il allait à la prière du Assr, nous avons donc passé environ trois heures à errer sous le soleil de Makka, mon père était soulagé, content mais pressé, il s'en est allé faire sa prière .. A peine entrées dans la chambre que ma tante a commencé à s'activer dans sa besogne favorite : préparer le repas, comme si de rien n'était! Moi je ne pensais même pas à manger, j'étais encore choquée, écrasée sous le poids de l'incroyable mésaventure dont j'ai été le ridicule objet, et c'est là que je me suis agenouillée sur mon lit, que j'ai pris ma tête entre deux mains, et que j'ai commencé à pleurer toutes les larmes de mon coeur, à sangloter comme  une petite fille qui a besoin de sa mère !


Cher journal

Cher journal En ce temps de sécheresse artistique et d'absence de vrais tourments et de réels "problématiques" dans ...