J'ai hésité avant d'écrire cet article, déjà à cause de la paresse (comme d'habitude) ensuite à cause de la paresse (eh oui encore une fois) ! Je suis devenue carrément accro à l'écriture, et le fait de n'avoir rien écrit depuis une semaine (c'est ça ? ) me donne un peu le trac, c'est comme si j'allais écrire pour la première fois ! Bon assez écrire pour ne rien dire, ah oui autre chose j'ai hésité dans le choix du titre, j'allais l'appeler "promenade solitaire", ou bien "promenade nocturne", mais puisque c’est un garçon on va l'appeler (c’est juste moi qui décide), "coup de cœur" voilà !
J'ai passé ces trois derniers jours coupée du monde, enfin du monde virtuel, trois jours sans ordinateur c'est tout vous dire, il faut le faire ! Non ce n'était pas un choix, je ne suis pas si forte que ça, d'ailleurs j'ai succombé au deuxième jour et je me suis connectée à FB via mon téléphone, l'occasion pour Tunisie Téléconne de me voler 600 millimes pour une minable minute de connexion (peut être deux )! En fait, juste après cette mini connexion, j'étais enveloppée par la mélancolie, j'étais seule dans cette chambre d'hôtel, dans cette ville qui m'était inconnue, et ma solitude m'a frappée de plein fouet, ma mère me manquait, ma famille, .. cet hôtel, cette ambiance c’est avec ma famille, mes sœurs que j'ai eu l'habitude de partager, sauf que je n'ai plus mes 17 ans, je n'ai plus 20 ans, mes sœurs ont grandi elles aussi, elles se sont mariées, et moi alors ? Il faut que j'arrête de faire semblant, cette chambre d'hôtel c'est avec mon mari que j'aimerais bien partager, (enfin pas spécialement cet hôtel, il n'est pas si génial que ça), ce paysage, cette mer qui s'offre à moi, le son des vagues qui clapotent, le bruissement des feuilles, cette verdure, le soleil qui traverse le feuillage et vient me caresser le visage (et le brûler parfois), cette piscine vide mais avec fond bleu ciel (ça compte ?), toute cette beauté m'a fait mal aux yeux, une telle beauté ça se partage à deux !
Ce jour là j'ai passé cinq heures d'affilée dans la chambre, j'avais besoin de dormir pour récupérer un peu, mais passer autant de temps seule a fini par me rendre triste, si bien que lorsque mon collègue m'a appelée pour me dire "je t'appelle Imen juste pour voir si tu vas bien", j'ai à peine raccroché que je me suis mise à pleurer amèrement ! Non je ne suis pas amoureuse de lui, c'est un collègue très gentil, un père de famille qui a l'âge de .. mon père ? Non un peu moins ! Bref c'est juste que ça m'a touchée, son geste, c’est tout ce dont j'avais besoin : que quelqu'un se souvienne de moi, qu'il s'intéresse à moi juste assez pour voir si j'allais bien, si j'étais encore en vie tiens ! Car j'ai imaginé ma fin dans cette chambre d'hôtel, une fin solitaire, tragique, mourir si jeune, loin de ceux que j'aime... mais pourquoi enfin ces pensées morbides ? Eh bien parce que dans la vie tout est possible, on peut mourir à tout moment, et puis parce que c’est la première fois de ma vie que je me trouve dans un hôtel sans ma famille, voilà ! Peut être aussi parce que je suis un peu romantique à la fin ! Mais bon rassurez-vous, j'ai séché mes larmes, ça n'a pas trop duré les pleurs, mon père m'a appelée, puis j'ai appelé ma mère, et d'entendre leurs voix ça m'a fait trop de bien, ma tristesse n'était plus qu'un lointain souvenir, j'étais pleine de vie et j'ai retrouvé l'envie de manger voire de sourire.
Quand je suis descendue au restaurant vers 19h45, tout le monde ou presque avait fini de dîner, alors j'ai accompli cette formalité (celle de manger) vite fait et je suis sortie, j'ai trouvé des visages familiers dans la réception de l'hôtel, sous fond de lumière "tamisée" économie oblige, c’est la basse saison, alors des 20 lustres qui décoraient le plafond on n'allume que 3 ou 4 c'est suffisant, les gens peuvent avancer sans trébucher dans l'une des chaises roulantes en circulation ! Ah je ne vous l'avais pas dit ? Il y avait beaucoup de handicapés, des arriérés mentaux à l'état très grave, ils étaient là pour jouer à la pétanque, enfin de les voir .. on se rend compte de la chance qu'on a de marcher sur les deux pieds et de comprendre un peu ce qui se passe autour de nous ! Je voulais faire un tour à l'extérieur, marcher ne pouvait que me faire du bien, je voulais me débarrasser de quelques calories et puis j'ai beaucoup dormi l'après midi, j'avais besoin d'action à la fin ! Mais je n'ai pas trouvé une compagnie alors j'ai hésité un peu puis je suis sortie seule juste avant 21h ! Eh oui ce n’est pas parce que je suis une fille que j'allais me priver de ce plaisir de marcher, marcher, pour respirer, pour découvrir, pour oublier, ..
Cette promenade nocturne je ne pense pas pouvoir l'oublier un jour, cette promenade dans cette belle rue de Nabeul, une rue semblable à celle de l'avenue Habib Bourguiba de Tunis, je marchais d'un pas ferme si bien que quelques minutes plutard j'étais déjà arrivée au bout de la rue, devant moi il y avait le fameux grand jarret symbole de la ville, j'ai continué tout droit vers le centre ville, j'étais avide de tout voir, tout observer, tout lire, même les pancartes des magasins, des pizzerias, des cafétérias, parfois aux couleurs fluorescentes, tout m'intéressait ! Enfin arrivée à un point où je me sentais comme la seule femme encore en circulation et surtout parce qu'il n'y avait pas un paysage différent, j'ai décidé qu'il était grand temps de rentrer, indemne oui je l'ai fait ! J'ai beaucoup aimé la ville et ses habitants, ces quelques visages jeunes et indifférents que j'ai rencontrés et qui m'ont aidé à franchir encore le pas et avancer, j'ai surtout aimé cette ambiance qui flottait dans l'air on dirait la fin de l'été, malgré le froid, le manteau en cachemire que je portais, mes mains enfouies dans mes poches, malgré le ciel brumeux et les gouttelettes d'eau qui m'ont perlé le visage (encore un coup de coeur), j'avais la sensation d'être à la fin du mois d’août dans cette zone touristique, dans cette ville un peu proche de la mienne, et j'ai cru un moment que Nabeul était plus belle que Bizerte, je me trompais ..
Le lendemain matin tout ceci avait beaucoup moins de charme, c'est apparemment l'effet de la nuit, de la liberté, de ce défi de sortir "tard" par une soirée froide de novembre dans une ville inconnue, où j'étais inconnue et de rentrer saine et sauve, d'autant plus qu'à mon retour vers 21h30 l'une des filles m'a affirmé qu'elle et son amie ont été abordées par un policier juste parce qu'elles se tenaient à l'entrée de l'hôtel, il leur a demandé ce qu'elles faisaient dehors ..
Je monte dans ma chambre, où j'ai l'énorme privilège de la partager avec .. moi-même, j'allume la télé, Koh-Lanta sur TF1 mon émission préférée, je saute sur le lit spacieux où personne ne viendrait ronfler à mes côtés, où je serais libre d'éteindre la lumière ou de l'allumer, baisser le son, prendre une douche, faire la folle ou simplement crier , et j'ai siroté le goût exquis, de la liberté et de l'oubli ...
Hier enfin je suis rentrée chez moi et ça m'a fait très mal d'apprendre l'horrible crime qui a eu lieu dans le centre ville, à quelques mètres de mon ancien voisinage, celui où j'ai passé mon enfance : une demoiselle de 37 ans (et non pas une "vieille" fille) tuée sauvagement par deux ou trois inhumains qui ont aussi dérobé tout l'argent et les cartes de recharge de son taxiphone, baissé les stores, de sorte que la pauvre n'a été découverte que trois heures plutard, un crime qui s'est passé à 15h de l'après midi, alors oui ça fait mal au coeur, moi je suis sortie la nuit et je suis rentrée saine et sauve, je me disais que j'ai fait mes prières quotidiennes celles qui me préservent de tous les maux de la Terre, mais elle, cette pauvre femme, n'a pas eu autant de chance, alors une pensée à toi soeurette, coup de coeur à toi et à ta famille .. j'espère qu'à cet instant tu jouis déjà de ton Paradis !
Vous voyez ? Je ne pouvais pas l'appeler "promenade solitaire", c’est beaucoup plus que ça !