3/14/2010

La Palestine au coeur du grand Maghreb

"La Palestine au coeur du grand Maghreb" voilà le slogan que la chaine tunisienne Nessma TV ( Ne9ma pour les intimes) a choisi pour la semaine consacrée à la Palestine. A priori ça sonne bien, c'est beau, c'est touchant, mais au final je le vois plus comme un cliché qu'autre chose. En tout cas je vois clair dans leur jeu. Bon avant toute chose, et pour être honnête je n'ai pas suivi la totalité du programme, je ne l'ai regardé que le temps de manger quelque chose le soir en rentrant du boulot. Mais le fait est là justement, le peu que j'ai vu me laisse perplexe. Enfin pas tant que ça, attend c'est de Ne9ma TV qu'on parle ! Ce sont des pro, ils ne plaisantent pas avec le business, ils font tout dans les règles de l'art et c'est pas la semaine dédiée à la Palestine qui va faire l'exception. Alors pas question de sortir du fameux cocktail : femme, festival, football, pas question d'ennuyer les spectateurs avec les problèmes et les souffrances des palestiniens, bon on en parlera (parce qu'il le faut) mais dans un cadre purement artistique. C'est pourquoi chaque fois que je regarde l'émission je vois ce visage de la Palestine qui m'indiffère, tous ces artistes, ces chanteurs, ces cinéastes, ces acteurs, qui sont des palestiniens mais qui ne représentent pas la Palestine à mes yeux, en tout cas pas la Palestine de Gaza, de Haifa, de Ramallah, la Palestine qui souffre enfin !
Moi j'ai besoin de voir le simple palestinien qui galère au quotidien, celui qui ne trouve plus de quoi nourrir sa famille parce que les sionistes lui ont volé la terre de ses ancêtres, j'ai envie qu'on me montre cette femme ordinaire mère de trois enfants tués par les soldats adolescents d'Israhell , cet homme qui a vu sa famille se faire massacrer et qui ne comprend toujours pas comment il a survécu, ces gens qui souffrent des checks points au quotidien, ces enfants qui croisent la peur tous les jours sur le chemin de l'école, ces âmes torturées qui voudraient crier leur détresse au monde entier ! Mais non, à la place on préfère nous amener des palestiniens qui vivent à l'occidentale et/ou  en occident, des stéréotypes ne9matisés pour ne pas sortir du cercle vicieux de cette chaine qui se veut la voix du grand Maghreb mais qui ne l'est pas en fait ! Pourquoi on n'a pas mis l'accent sur les plus grands martyrs et combattants de la Palestine ? Pourquoi on n'a pas invité des grands poètes engagés tels que Tamim Al Barghouthi ? Pourquoi vouloir peindre ce portrait d'une Palestine occidentalisée avec ces femmes mal coiffées trop maquillées, décolletées et parfois garçon manqué ? Vous allez me sortir le prétexte de l'espoir, vous l'avez voulu une semaine d'espoir et d'hommage à la Palestine ? d'accord mais l'espoir ne vient pas avec tous ces artistes qui chantent une chanson puis rentrent dans leurs lofts à la new yorkaise mener la belle vie ! une chanson si belle soit-elle et si touchante ne nourrit pas les enfants affamés de Gaza, elle  ne guérit pas les victimes des gazs phosphorescents et leurs déformations ! une chanson ne sèche pas les larmes d'une mère à qui on a tué ses enfants ! Alors pourquoi êtes vous restés dans "l'art" et vous avez négligé la VIE ou devrais-je dire la SURVIE des palestiniens ? 
Enfin et pour être objective, je salue quand même votre initiative, il y a  surement du bénéfique là-dedans ! 

3/04/2010

L'épileptique

Hier quand la journée touchait à sa fin, quand je n’attendais d’elle plus rien, un jeune homme s’est présenté à notre bureau, il a demandé un service mais il s’était trompé de « porte ». Alors il est sorti et nous parlions encore de lui quand il a réapparut : il voulait un verre d’eau. Cette fois-ci j’ai pris le temps de le regarder et j’étais atterrée de voir ce jeune homme si maigre qui luttait pour ne pas tomber. A peine a-t-il trouvé une chaise qu’il s’est écroulé, et malgré les spasmes qui le secouaient de la tête aux pieds, il a fait un ultime effort pour avaler un peu d’eau. Au bout de quelques minutes d’angoisse, il a repris ses esprits, alors il a sourit comme pour nous rassurer. Pourtant ses mains et ses pieds continuaient à trembler, il a voulu se lever mais il était encore trop faible. Alors il s’est rassis et nous a dit tout en souriant : "ça va aller, je vais bien, que Dieu vous bénisse." Et devant nos yeux interrogateurs et compatissants, il a continué en disant : " je souffre d’épilepsie, ce matin à la sortie de la mosquée je me suis évanoui et je ne me rappelle pas de ce qui m’est arrivé depuis. C’est le pompier qui m’a raconté comment je suis tombé la face contre le chemin de fer, la femme effarée qui depuis son balcon s’est mise à crier, et les gens qui ont appelé les secours pour me transporter à l’hôpital. En sortant et comme je me sentais mieux, je suis venu ici à la recherche d’emploi. Apparemment je me suis trompé, j’ai surestimé mes capacités ".
 
Il parlait la tête baissée, sourire aux lèvres, sans nous regarder et à mesure que je l’écoutais ma peine grandissait, mes yeux qui le fixaient étaient devenus humides, une, deux, trois gouttes sur le bureau, des larmes de compassion puis d’admiration car il a continué en disant : " Dieu merci, je m’estime heureux par rapport aux autres. Avant j’étais ignorant et têtu, je refusais de prendre mes médicaments, je me révoltais et je disais pourquoi moi ? Pourquoi je suis comme ça ? Aujourd’hui s’il y a deux choses que je n’arrêterais jamais ce sont : ma prière et mes médicaments ! je remercie Dieu en toute circonstance, j’ai vu des horreurs, j’ai vu un jeune garçon mourir devant moi, c’était un enfant il avait passé l’après midi avec son papa, et pendant la nuit il s’est mis à pleurer, il me disait je veux mon père je veux le voir, il me manque, alors j’ai essayé de l’apaiser, de le consoler mais il était très agité dans son lit, soudain je l’ai entendu ronfler puis se blottir violemment contre ses draps, il était mort ! Alors même si aujourd’hui je suis malade, même si ça m’est arrivé de passer une semaine dans le coma, je m’estime heureux et je remercie le bon Dieu pour ce qu’il m’a donné".
 
Il s’est tu un moment puis il a continué : "une fois j’ai vu un garçon aveugle et son père marcher dans la rue, quand soudain le fils a trébuché et est tombé sur les rails du train qui arrivait à toute allure, alors j’ai vite débarrassé le père de son sac et il a pu relever son fils à temps et le mettre à l’abri. Ils faisaient peine à voir, je les ai donc abrités chez moi pour la nuit et le lendemain je les ai accompagnés à l’association des handicapés. Tout ça pour vous dire qu’il y a toujours pire que soit et qu’il faut accepter son destin et y faire face avec courage. Mais la seule chose que je ne supporte pas c’est d’être maltraité et offensé, je préfèrerais mille fois mieux qu’on me batte, qu’on me torture, je serais couvert de sang mais j’en guérirais. Les mots blessants eux restent à jamais gravés dans ma mémoire et me suivent toute ma vie ! Comme l’autre jour où je n’avais pas d’argent pour acheter des médicaments, et le pharmacien qui a refusé de me les donner et de patienter jusqu’à ce que j’aie de quoi le payer. Il m’a humilié devant tout le monde, pourtant il fait la prière à la mosquée. Méfiez vous, tous les prieurs ne sont pas forcément bons, je l’ai appris à mes dépends ! On dirait que l’argent durcit les cœurs, j’aurais peut être fait comme lui si j’étais riche mais pas de cette façon si méchante et inhumaine ! Enfin, il ne faut jamais faire confiance à qui que ce soit et n’attendre rien de personne".

Et le voilà qui sourie encore, puis il nous a saluées, remerciées et il est parti d’un pas faible et hésitant. Il nous a enchantées, émerveillées par son courage, sa patience, sa force enfin ! Car il a beau être malade, épileptique, il était plus fort que nous! Il avait un moral d’acier et une foi inébranlable en Dieu et en lui ! Il était à la fois pauvre, chômeur et malade, mais il trouvait le moyen d’en sourire, d’embrasser la vie, de dire merci ! Il a eu des crises d’épilepsie car il n’avait pas pris ses médicaments faute d’argent et pourtant il était reconnaissant envers son Créateur et s’estimait heureux par rapport aux malheurs des autres. Alors de voir quelqu’un comme lui, un modèle de courage, de patience et de bonne volonté je ne pouvais que l’admirer, le respecter et me sentir toute petite face à sa grandeur ! Il était d’une autre race, celle des souffrants mais fiers, forts et contents ! Moi je fais partie de ceux qui ont tout mais qui sont fainéants, fragiles, pleurnichards et mécontents. Alors de nous deux qui est le plus heureux ? Qui est le plus intelligent ?

3/01/2010

Fatiguée

Fatiguée ! je suis fatiguée, j'ai sommeil, j'ai mal aux yeux, j'ai mal à la tête, j'ai mal partout. Mais j'ai mal au cœur surtout, mon cœur pleure, mon âme est triste, rien ne m'émeut, tout m'attriste. Je suis condamnée à rester dans ce bureau, je ne trouve pas quoi faire, j'ai des documents à lire, mais ils sont ennuyeux à dormir, j'ai donc tout le loisir de songer à la laideur qui m'entoure, de penser à la misère de tant de gens, à ce monde de vautours...

Oui je suis désœuvrée, j'ai encore plus d'une heure à passer, plus de soixante minutes à "tuer" car là où je travaille on laisse tout traîner, mais n'en parlons plus ce n'est pas le sujet ! Le fait est là: je suis dispo et j'ai tout le temps qu'il faut pour songer à toute cette douleur, à ces souffrances, à cette peur ici et là, partout où tu vas, dans ce monde fou tombé dans le chaos, ce monde où rien n'a plus de valeur, dépourvu de ses couleurs, un monde fou tel un monstre qui se nourrit du sang des pauvres, des faibles, des tueries, des massacres, des barbaries, un monde où le plus fort construit son empire sur les décombres de toute une famille, dont il n'a épargné ni les grands ni les petits, un monde où il n'y a plus de liberté ni de respect pour les droits les plus élémentaires de l'humanité, ses droits à la vie ou à la mort mais avec dignité !

Alors j'aurais aimé être cinglée, avoir les yeux fermés, les oreilles bouchées. J'aurais aimé être simple d'esprit, se contenter d'un peu de pain, du soleil qui brille, lever les yeux vers le ciel et dire merci, être dans la misère et penser quelle est belle la vie ! Tiens j'aimerais bien être morte, avec tous les risques que cela comporte. Hélas je suis bel et bien vivante, je l'entends bien ce coeur qui bat pour me rappeler que je n'ai pas le choix car je suis en bonne santé, je dispose de toutes mes facultés, je ne suis ni sourde ni muette, je vais bien, j'ai toute ma tête ! Je suis allée à l'école, au lycée, puis à la faculté, je suis trop cultivée et éduquée, j'ai la télé, je suis connectée sur le net, enfin je suis loin d'être bête !

Je suis au courant de tout ce qui se passe dans le monde, de tous ces crimes, de toutes ces injustices, de toutes ces terres volées, ces maisons confisquées, ces malheureux chassés, pourchassés, ces corps brûlés, ces malades abandonnés, ces êtres terrorisés, ces gens affamés, ces familles déchirées, ces espoirs envolés, et tous ces rêves d'enfants partis en fumée, leurs regards innocents mais déterminés, chargés de tant de colère, de haine et de volonté ! Ces regards accusateurs et pleins de reproches je ne peux plus les affronter, j'ai honte cela me tourmente, j'en ai assez ! Je suis dégoûtée comme toujours car je ne fais rien de concret pour aider tous ces persécutés ! Ce n'est pas en publiant quelques malheureuses vidéos que leur monde sera plus beau ! Je ne fais que rappeler la cause palestinienne mais est-ce suffisant ? N'y a-t-il pas autre chose à faire, quelque chose de plus consistant ? J'aimerais bien essayer car je ne peux plus continuer ainsi, je suis fatiguée !

Cher journal

Cher journal En ce temps de sécheresse artistique et d'absence de vrais tourments et de réels "problématiques" dans ...